JO 2024 : Le forfait jour détourné, des milliers de salariés lésés ?

Dans les coulisses des Jeux Olympiques 2024, un conflit social couve. Au cœur de la polémique : l’utilisation controversée du dispositif de forfait jour. Ce système, censé offrir plus de flexibilité aux salariés autonomes, semble avoir été détourné de son objectif initial, laissant des milliers de travailleurs dans une situation précaire et potentiellement illégale.

Le forfait jour : un dispositif mal appliqué ?

Le forfait jour, régi par l’article L. 3121-58 du Code du travail, est un système permettant de décompter le temps de travail en jours plutôt qu’en heures sur une année. Initialement conçu pour les cadres, il peut également s’appliquer aux « salariés autonomes » sous certaines conditions strictes.

Me Sarah Zakine, avocate en en droit du travail, explique : « Pour être éligible au forfait jour, un salarié doit bénéficier d’une réelle autonomie dans l’organisation de son emploi du temps. C’est la condition sine qua non de ce dispositif. »

Or, selon les témoignages recueillis, les salariés des JO 2024 semblent loin de cette autonomie promise.

Des plannings imposés, une autonomie fictive

« On nous a fait signer des contrats en forfait jour, mais on nous impose des horaires stricts, de 13h30 à 23h », témoigne anonymement un salarié de l’aéroport. « Où est notre liberté d’organisation ? »

Cette situation soulève de sérieuses questions juridiques. L’article L. 3121-59 du Code du travail stipule clairement que le forfait jour ne peut s’appliquer qu’aux salariés « qui disposent d’une autonomie dans l’organisation de leur emploi du temps.

Les risques pour le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques (COJO)

Le COJO s’expose à de lourdes sanctions. « En cas de litige, les tribunaux pourraient requalifier ces contrats en forfait jour en contrats classiques », avertit Me Zakine. Cela impliquerait le paiement rétroactif de toutes les heures supplémentaires effectuées, majorées comme il se doit.

La jurisprudence est claire sur ce point. Dans un arrêt du 2 juillet 2014 (n°13-11940), la Cour de cassation a rappelé que l’absence d’autonomie du salarié rend nulle la convention de forfait en jours.

Un appel à l’action pour les salariés

Les salariés concernés ont tout intérêt à agir rapidement. L’article L. 3245-1 du Code du travail prévoit un délai de prescription de 3 ans pour les actions en paiement du salaire. « Chaque jour qui passe est un jour de moins pour faire valoir ses droits », insiste Me Zakine.

 

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